Nous étions le 11 septembre et il était temps pour nous de quitter le bord de l’océan pour retourner vers les cités anciennes de Ceylan. Après une folle chevauchée à siège de bus, nous mîmes le pied a Habarana à une heure de l’après-midi. Immédiatement nous nous vîmes proposer une excursion afin d’observer les éléphants près du réservoir de Minneriya, ce que, après concertation, nous acceptâmes. Nous partagions le guide avec deux belges qui se révélèrent fort sympathiques. Bien que nous aperçûmes perruches, ibis, buffles d’eau, entelles et maintes autres animaux, le point d’orgue de cette excursion fut la découverte d’un gigantesque rassemblement d’éléphants. Il est intéressant de noter que le troupeau était majoritairement, si ce n’est complètement, composé d’adultes femelles gardant des petits et des adolescents. Nous les observâmes manger, arrachant du sol des touffes d’herbe terreuse, les secouant et les tapant avant de les fourrer avec avidité dans leur gueule. Nous vîmes aussi les petits jouer et tout le monde s’ébattre dans l’eau, qui s’arrosant, qui buvant, qui faisant le submersible…Les mâles, quant à eux, semblaient mener une vie de solitaire, a l’écart du troupeau. Nous les croisions au détour d’un arbre ou derrière un fourré, parfois seuls, parfois par deux.
Le lendemain fut consacré aux visites culturelles du coin. Ainsi, nous nous rendîmes à Sigiriya, qui fut la capitale d’un des multiples royaumes de Ceylan, pendant un court laps de temps, pour être reconvertie en monastère par la suite. Lors de notre arrivée, nos yeux tombèrent immédiatement sur ce roc taille naturellement à pic, sorte de pave naturel géant sur lequel le palais avait été construit. Nous approchâmes peu à peu du rocher, traversant les vestiges des jardins royaux, qui durent être sublimes en leur temps. Puis commença l’ascension vers le sommet. Une première halte nous arrêta au niveau du « mur miroir », sur lequel apparaissaient de multiples représentations de femmes, probablement de sang noble, la poitrine généreuse et nue, dans diverses poses de la vie quotidienne, tantôt portant des fruits, tantôt conversant…
De nouveau des escaliers, parfois récents, parfois anciens, taillés probablement directement dans la roche en gneiss, s’élançaient pour nous mener à un second plateau, où apparaissaient, à flanc du rocher, les deux pattes d’un lion, gardant l’accès aux marches conduisant au palais. De là où nous nous trouvions, nous apercevions aussi de magnifiques nids de frelons tantôt noirs, tantôt blanc et miel. A l’observation plus fine, nous constatâmes que les ruches noires étaient en fait mouvantes. Des ondulations parcouraient sa surface, nous poussant à supposer qu’il s’agissait d’une ruche recouverte de frelons, ces derniers ondulant de concert de manière à peut-être envoyer quelque message.
La dernière montée nous conduisit enfin au sommet. La vue était magnifique, donnant sur un paysage de foret secondaire parcourue par une rivière, évoquant un décor du jurassique. Nous nous attendions presque à trouver là un troupeau de parasaurolophus s’abreuvant, ou quelques brachiosaurus s’ebattant dans l’eau, leur long coup s’élevant de l’eau droit vers le ciel. Les ruines, quant à elles, étaient ainsi que la plupart des ruines que nous pûmes découvrir en Ceylan, juste des fondations et quelques escaliers.
De retour à notre pension d’Habarana, nous nous rendîmes, après un bon petit repas à base de hors d’œuvre frits et de nouilles sautées, sur les ruines de Ritigala. Ce lieu, siège d’un antique monastère, fut celui que nous préférâmes entre tous, en termes de découverte de ruines. Apres une course en tuk tuk sur un chemin de terre particulièrement accidente, nous parvînmes sur les lieux. L’exploration put commencer après le versement d’une donation qui semblait obligatoire et s’apparentait plus à un pot-de-vin qu’autre chose.
Apres une courte pente raide, nous nous trouvions sur les dernières marches de ce qui ressemblait manifestement à un amphithéâtre gigantesque et carré. Nous avions l’impression que le dieu-singe Hanouman était venu rendre visite, laissant derrière lui un monastère sinistre par ses pas sismogéniques. Nous suivîmes le trajet propose par la dernière rangée de marche pour déboucher sur un escalier qui s’élevait vers des hauteurs bien mieux conservées. Il commençait à environ trois pieds du sol, et nous l’attînmes grâce à quelques grosses pierres à sa base. Nous aboutîmes sur une voie pavée s’enfonçant dans la jungle, en très bon état, férocement gardée par une horde d’aèdes assoiffée de sang pour quiconque s’arrêtait plus de quelques secondes. Cette voie était entrecoupée de clairières carrées, toutes assez semblables dans les constructions qu’elles laissaient apparaitre. Il s’agissait de deux constructions carrées de 3 à 4 pieds de haut, et de 15 à 20 pieds de large, qui se suivaient. La première pleine, la seconde creuse avec une petite voie d’accès semblable à une chatière. Sur le côté, droit ou gauche selon les cas, un probable petit ensemble servant aux ablutions était dégagé. Le premier ensemble que nous croisâmes présentait également un petit chemin sur sa droite qui semblait conduire à des bains, ce que nous déduisîmes de par la présence d’un escalier descendant dans ce qui semblait être le bassin.
Nous continuâmes ainsi pendant quelques temps, croisant, de temps a autre, des cercles de pierre d’environ six pieds de diamètre, lors de petits élargissement des voies.
L’atmosphère de sérénité, l’ambiance mystique et mystérieuse qui se dégageaient de ce lieu isolé dans la jungle, lorsque nous parcourions les voies pavées, déambulant seuls, accompagnes de quelques oiseaux, singes sacres et moustiques, rendirent cette expérience tout à fait unique.